Appel de communication – L’expérience de l’atelier d’artiste au Québec et au Canada

Comme le constate Anne Lafont : « Qui pourrait croire en l’existence d’un artiste sans oeuvre, et d’une oeuvre sans lieu, même réduit à sa plus infime situation ?».

L’atelier a connu des mutations au cours des siècles, mais toujours il demeure central à la création artistique.

Souvent décrit par les artistes comme une pièce à soi, un laboratoire ou même une caverne, on pourrait définir l’atelier comme un espace permettant d’observer la condensation des matériaux, des intuitions, des idées qui y prennent forme et deviennent oeuvre. Comme le propose Françoise Sullivan : « le monde se concentre dans l’atelier et puis l’atelier se concentre dans le tableau. » (Cahiers 1986, p. 11). L’atelier serait un incubateur dans lequel se cristallisent les nombreuses substances appelées à donner vie à l’oeuvre et à sa diffusion.

Les types d’ateliers ont pris plusieurs formes depuis la Renaissance. Il est : 1) l’espace loué temporairement pour la réalisation d’une oeuvre en particulier ; 2) l’atelier résidentiel, (3) l’atelier spécialisé conçu en raison de l’équipement nécessaire pour la réalisation de l’oeuvre, 4) atelier collectif, espace commun où les artistes, tout en demeurant autonomes dans leur production, partagent de l’équipement spécialisé, 5) atelier communautaire où tout est mis en commun dans le cadre de créations collectives qui portent la signature de l’atelier, et 6) la combinaison d’éléments de ces différentes formes.

La disposition de l’atelier, fixe ou mobile, commande les mêmes genres d’opérations qui, en plus de la réalisation de l’oeuvre, impliquent sa gestion, sa diffusion et son entreposage. L’atelier est également un lieu de transmission du savoir, alors que l’artiste s’entoure d’assistants et d’apprentis. Il accueille critiques, marchands, commissaires et conservateurs, collègues et amis. Lieu d’étude et de recherche, l’atelier compte une bibliothèque où s’accumule la documentation, de même qu’un espace de lecture et de détente. L’artiste se caractérise souvent par son activité de collectionneur et de chineur qui accumule les oeuvres d’autres artistes ou qui stocke le matériel utile pour des réalisations futures. La situation de l’atelier affiche la position sociale de l’artiste, d’où le choix d’un emplacement en relation avec la communauté et les services auxquels il/elle souhaite s’associer.

Une étude financée par le CRSH (Laurier Lacroix, Dominic Hardy, co-chercheurs) a permis de réunir un certain nombre de données sur les fonctions et les représentations de l’atelier au Québec (1800-1980). Alors que de nombreuses publications portant sur l’atelier paraissent en Occident, son examen critique est à établir. Le sujet a encore été peu abordé dans des publications au Canada. Ce colloque fournit l’occasion d’explorer le sujet de l’expérience de l’atelier passée et actuelle.

Le colloque poursuit les objectifs suivants :

– Faire le point sur la situation de la recherche portant sur les ateliers d’artistes au Québec et au Canada du 19e s. à aujourd’hui ;

– Développer des analyses de caractère théorique et méthodologique permettant une meilleure connaissance de l’atelier et de ses fonctions ;

– Encourage la présentation d’études de cas ;

– Recueillir des témoignages d’artistes.

En établissant un dialogue entre chercheurs et praticiens, études de cas et témoignages, le colloque souhaite stimuler des communications portant sur les sujets suivants :

– Définition/conception de l’atelier : Où et quand l’atelier a-t-il lieu ?

– Études de cas monographiques sur des ateliers d’artistes

– La place de l’atelier dans la constitution d’une communauté

– Les fonctions de l’atelier : création, entreposage, formation, exposition, administration, …

– Conditions de production dans l’atelier : solitude/sociabilité, accès au matériel/entreposage

– Comment les pratiques artistiques post-1970 (in situ, perfomance, …) modifient-elles le rôle de l’atelier ?

– Stratégies pour adapter l’atelier face aux barrières économiques et systémiques

– L’atelier des années 2020

– Exposer l’atelier

– L’atelier comme musée

– L’atelier dans la fiction québécoise (littérature et cinéma)

– L’atelier dans la ville

– Impact des conditions socioéconomiques sur l’accès à un atelier

Diverses formes de communication sont invitées :

– 1) communication de 15 minutes,

– 2) présentation de 3 minutes (pecha kucha),

– 3) affiche publiée sur le blogue du colloque,

– 4) communication visuelle de la part d’artistes affichée sur le blogue du colloque.

Les propositions de communications doivent être remises avant le 15 octobre 2022 à l’adresse

ateliersartistes2023@gmail.com

Elles doivent inclure : le titre suivi d’une brève présentation du sujet abordé (150 mots maximum) et la forme que prendra cette intervention (1 à 4) accompagnés d’une note biographique (100 mots maximum) et de l’institution d’attache (le cas échéant).

Comité organisateur

Sandra Fraser, Remai Modern / Dominic Hardy, UQAM / Laurier Lacroix, UQAM

Comité scientifique

Sherry Farrell-Racette, U. of Manitoba / Sandra Fraser, Remai Modern / Dominic Hardy, UQAM

Laurier Lacroix, UQAM/ Julia Polyck-O’Neill, York University