Séminaires 2020-2021

COVID-19 : Pour la sécurité des étudiants et des professeurs, tous les séminaires de doctorat seront enseignés en ligne pendant les sessions d’automne et d’hiver. 

Bloc A : Séminaire de méthodologie

ARTH809 : Art History and its Methodologies

Art History and its Methodologies

Materialities

“What art now has in its hands is the mutable stuff which need not arrive at a point of being finalized with respect to either time or space.” When the American artist Robert Morris wrote these words 50 years ago (in 1969), he was implying that artists shouldn’t try so hard to make perfectly finished objects, because it was much more interesting to embrace the lively, unstable, and unpredictable qualities of the material world – what he called “mutable stuff.” It would seem that the concerns of this mid-20th century artist have now been taken up by a wide cross-section of scholars and theorists, who now speak about the agency of objects and the vibrancy of matter. 

And yet it must be acknowledged that questions about materiality, matter, objects, and things can come into focus according to various political, philosophical, aesthetic and disciplinary positions. The seminar will therefore bring together a selection of texts that have contributed to the evolving discourse about materiality in recent years, while also introducing some older readings, for genealogical reasons. We will examine Marxist concepts pertaining to historical materialism and commodities; theories of materiality and intercultural exchange; actor-network theory and the agency of the non-human actant; the “new materialism” that encompasses thingness, vibrant matter and object-oriented-ontology; Indigenous materially-based knowledge; eco-materialist approaches to entropy, waste and garbage. The seminar will also touch on more overtly aesthetic questions, concerning objecthood, the formless, and de-materialization, for instance. 

Throughout the seminar we will consider how the theories and concepts being discussed might be relevant to to specific works of art, drawn from diverse historical periods. As well, students will be encouraged to develop some of these methodological/theoretical axes in relation to their own research projects. 

Bloc B : Séminaires de recherche

ARTH804 : Writings on Art

Writings on Art

L’imaginaire utopique en art et architecture / The Utopian Imagination in Art and Architecture

Ce séminaire doctoral est structuré autour d’une série de discussions, historiques et critiques, autour du concept “d’utopie” et de comment celui-ci joua un rôle clé dans l’imaginaire européen et transatlantique durant la période moderne. En plus de lire le texte fondateur de Thomas More (1516), nous aurons aussi la chance d’explorer des textes précurseurs comme la République de Platon (c. 380 av. J-C) et d’autres sources primaires. Les premières rencontres (suivies par les présentations des étudiant-e-s) seront organisées autour de cas d’étude précis d’utopies sociales — visionnaires et/ou bâties — orientées vers le passé, le présent ou le futur. Au plan méthodologique, le séminaire mettra l’accent sur divers liens entre les utopies, les développements des médias de masse (notamment de la presse, puis des communications électroniques) et les transformations des pratiques artistiques et architecturales.  Une attention particulière sera aussi portée aux riches dimensions religieuses sous-jacentes à la pensée utopique, notamment du côté des aspirations mystiques, messianiques et millénaristes de diverses communautés juives et chrétiennes. Nous étudierons également le rôle souvent problématique joué par les avant-gardes (artistiques, architecturales et urbanistiques) afin de promouvoir une série de transformations radicales de la société. Comment peut-on, à l’ère actuelle marquée par diverses crises, mieux rendre compte des tensions entre les visions utopistes soi-disant démocratiques et émancipatrices, et leur récupération idéologique par le totalitarisme, le colonialisme et l’ingénierie technocratique (ce que l’anthropologue James C. Scott nomma le “haut-modernisme autoritaire”)? Une relecture contemporaine du concept d’utopie peut-elle nous aider à repenser certains volets de l’histoire de l’art, de l’architecture et des médias?

This doctoral seminar is structured around a series of critical and historical discussions on the significance of the concept of “utopia” and how it has played a key role in both the religious and the secular imagination in Europe and the transatlantic world over the modern period. We will begin by looking critically at the foundational text Utopia by Thomas More (1516), as well as older works considered to be precursors, such as Plato’s Republic (c. 380 BC). Then, we will consider the various ways the concept of utopia may be connected, as Jürgen Habermas has argued, to various interpretations of religious scripture (more specifically “to the hope, familiar in Jewish and Protestant mysticism, of the ‘resurrection of fallen nature’”). We will also analyze the ways that artists, architects and city planners have attempted to develop comprehensive solutions, both formally and socio-economically, to address the perceived problems of modern societies. Each week (including student presentations) will be devoted to specific case studies of social utopias, built and/or unbuilt, oriented towards the past, the present or the future. Class discussions will attempt to draw up a critique of how such utopian visions, which purported to be democratic and emancipatory, have been ideologically coopted and compromised by socially destructive phenomena like totalitarianism, colonialism and what anthropologist James C. Scott has famously called “authoritarian high modernism.” Each student will be invited to pay particular attention to the mediation/dissemination of utopian thought through print culture (books, magazines) and more recent forms of digital technologies.

HAR915X : Questions thématiques

Questions thématiques

Pratiques artistiques et muséologiques d’action sociopolitique et d’intervention

Ce séminaire entend réfléchir au phénomène relativement récent de la prolifération de pratiques artistiques et muséales qui conjuguent l’art et la participation sociopolitique et l’art pour une meilleure santé mentale et physique des individus. Celles-ci se retrouvent dans les institutions culturelles et, bien souvent, dans des lieux non traditionnellement dédiés à l’art (la rue, les espaces communautaires, les milieux de soin, etc.). Ainsi, face à des problématiques culturelles, sociales, éducatives et liées à la santé de plus en plus complexe, plusieurs milieux se tournent vers le pouvoir innovant de l’art pour complémenter leurs façons de voir, de faire et d’intervenir. Ces pratiques, qui impliquent une relation à l’autre et un agir sur et dans la sphère sociale, favorisent la participation sociopolitique, le rétablissement, le mieux-être, la collaboration et l’inclusion sociale. Elles font écho à une mouvance internationale de démocratie culturelle et trouvent des résonnances dans les orientations gouvernementales qui tiennent maintenant compte du rôle social de plus en plus important dévolu à la culture. 

Ce séminaire vise ainsi :

a) à comprendre les mutations dans la conception même du rôle social de l’art, dans les politiques culturelles et les programmes de financement;

b) à analyser des pratiques artistiques et muséologiques à teneur sociale et politique dans divers milieux et contextes – contours, forces, enjeux;

c) à saisir comment ces pratiques redéfinissent les rôles professionnels des divers intervenant.es dans le milieu de l’art, mais aussi à l’extérieur et forcent l’expérimentation dans les modèles mêmes de recherche (recherche-création, recherche-action, recherche-intervention, histoire de cas, approche narrative, arts-based research, etc.).

Bloc A : Séminaire de méthodologie

HAR 9202 : Théories et méthodes de l’histoire de l’art

Théories et méthodes de l’histoire de l’art

Écritures et horizons de l’histoire de l’art

La thématique veut inciter une réflexion sur des vecteurs métahistoriques qui contribuent à nos travaux, ou qui peuvent, du moins, avoir un impact sur les directions que vont prendre ceux-ci. Cette perspective est adoptée afin de permettre d’ouvrir dans un premier temps sur une série de textes (touchant à des démarches conceptuelles et méthodes de travail en histoire de l’art) qui sont à l’image des approches plurielles qui traversent la discipline (jusqu’à parfois l’indiscipliner). 

On envisagera l’histoire de l’art en tant qu’un ensemble de récits parmi lesquels la thèse doctorale prend sa place ; thèse qui est l’horizon de nos travaux du point de vue de notre ancrage dans des traditions plus ou moins anciennes (ou encore de la distance que nous prenons vis-à-vis de ces traditions), traditions qui s’étudient et se décrivent à partir d’une articulation entre structures et stratégies narratives, philosophies de l’histoire et la motivation fondamentale que nous contribuons à la définition de nos parcours de recherche. La thèse devient un lieu d’affiliation complexe : avec les historiennes et historiens de l’art qui nous précèdent, avec les communautés de recherche auxquelles on s’identifie, aux structures langagières et visuelles à partir desquelles, dans toute leur historicité, nous avons à imaginer le parcours de la thèse doctorale. 

Pour effectuer ce trajet, le séminaire privilégiera le croisement des préoccupations de recherche des participant. e. s avec deux axes d’interrogation : le premier, consacré à la formation des structures narratives que nous utilisons en en histoire de l’art s’articulant au deuxième, qui nous permettra de nous intéresser aux mutations que connaît la discipline sous l’impulsion de certaines démarches interdisciplinaires (ou même indisciplinaires) qui peuvent avoir des effets épistémologiques remarquables.

Bloc B : Séminaires de recherche

ARTH805 : Critical Examination of Artistic Context

Critical Examination of Artistic Context

Indigenous and Decolonial Theories and Methodologies for Art History

Linda Tuhiwai Smith’s​ groundbreaking text Decolonizing Methodologies is concerned “not so much with the actual technique of selecting a method but much more with the context in which research problems are conceptualized and designed, and with the implications of research for its participants and their communities.” (2nd edition, 2012, p. ix). In this course we will explore decolonial and Indigenous approaches to theory and method as related to art history, visual culture, and research, in order for students to develop their understanding of key concepts and research practices. Drawing on “The Four R’s” as the foundational directions of Indigenous research – Respect, Relevance, Reciprocity, Responsibility – in this course we will not only study and articulate methodological strategies to produce meaningful research, we will also consider the ethical implications of research conducted by and with rather than on or for Indigenous nations and communities. We will examine both nation-specific and more broadly Indigenous and decolonial research protocols and practices, covering such areas as: 

• Art historical approaches to the writing of Indigenous art histories and about Indigenous visual culture, art and archives;
• Indigenous and decolonial museological practices, such as consultation, collaboration, reciprocity, repatriation/ rematriation, and collecting activities;
• Indigenous and decolonial curatorial strategies, including haptic and sensorial exhibition practices, performativity, and community and/or public engagement;
• The interpretation of historic and contemporary Indigenous art through such frames as continuity and resurgence;
• Indigenous ways of knowing, ontologies and epistemologies, including such areas as kinship and relational aesthetics;
• The productive intersections and limitative borders of Indigenous, Western, and global postcolonial theories and methodologies for art history; and,
• Theories of settler responsibility for curatorial, pedagogical, and scholarly work in Indigenous arts, and best practices for non-Indigenous allies working in institutions that collect and/or display Indigenous arts.  ​

HAR 7002 : Questions thématiques

Questions thématiques

Le « trans » en art actuel

Dans la décennie 1960, Lygia Clark et Hélio Oiticica produisaient des « trans-objets » qui changeaient selon le lieu de leur présentation. Clark et Oiticica envisageaient l’art comme une proposition qui peut faire sens à la fois au niveau local et international. Dans son ouvrage The Global Work of Art : World’s Fairs, Biennials, and the Aesthetics of Experience (2017), Caroline A. Jones retrace, chez ces artistes brésiliens, les origines de ce qu’elle nomme des « tactiques trans ». Prenant comme point de départ et d’inspiration le « trans » que Jones conceptualise, ce séminaire propose de pousser et d’élargir la réflexion sur les dynamiques de rupture, de transgression et de dépassement qui habitent et façonnent les pratiques artistiques actuelles. Le préfix « trans » désigne une multiplicité de processus de « mise en contact » (entre les cultures, entres les nations, entre les genres, entre les espèces, etc.) et renferme, par conséquent, une dynamique de transfert multidirectionnel, voire de transformation : de nouveaux objets/sujets apparaissent au fil de ces interactions, phénomène identifié et théorisé dans les années 1940 par l’anthropologue cubain Fernando Ortiz à travers sa notion de « transculturation ». Plus tard, Wolfgang Welsch (1999) développe la notion voisine de « transculturalité » et, ce faisant, le philosophe allemand dirige l’attention vers la double signification du préfix « trans » pour décrire à la fois des phénomènes qui se déploient « à travers » et « au-delà » (les cultures). En plus des processus « culturels » et « nationaux » que ce préfixe sert à caractériser, le « trans » décrit aussi de nos jours d’autres phénomènes à l’œuvre dans les contrées de l’art actuel qui se rapportent à l’abolition / l’effacement / l’interpénétration / l’enchevêtrement des frontières disciplinaires, institutionnelles, identitaires, spatiales (espaces physiques et virtuels), de savoirs ou de genres pour nous amener « à travers » et « au-delà » nos « containeurs » sociaux, idéologiques, politiques ou même biologiques. Cet état de fait entraine l’apparition d’une myriade de termes pour désigner la multiplicité de processus « trans » en cours : transdisciplinarité, transgénique, transfrontalier, transculturalité, transmédialité, transnational, trans-activisme, etc. L’art actuel est devenu un terrain où ces dynamiques sont en constante mouvance et expansion : que l’on songe aux artistes et aux commissaires d’exposition qui vivent et travaillent à la lisière de plusieurs disciplines, géographies, cultures, genres, identités, etc. À la lumière, entre autres, des études de genre(Halberstam ; Buttler), mémorielles (Assmann ; Erll), culturelles (Hall), transatlantiques (Salenius), médiatiques (Jenkins), postcoloniales (Appadurai ; Bhabha) et décoloniales (Mignolo ; Quijano), ainsi que de l’analyse d’études de cas précises et du phénomène de la mondialisation dans une ère post-numérique et post-Internet, il sera question dans ce séminaire d’explorer les manifestations, les limites en même temps que les possibilités des dynamiques « trans » qui traversent et caractérisent l’art actuel.