Anne-Marie Ninacs

Anne-Marie Ninacs

PhD 2018, Université de Montréal
Professeure à l’École des arts visuels et médiatiques de l’UQAM

Je suis, depuis 2013, professeure à l’École des arts visuels et médiatiques de l’UQAM, c’est-à-dire que j’enseigne aux étudiants et étudiantes en création et en enseignement des arts. J’ai auparavant, pendant une quinzaine d’années, agi comme conservatrice au Musée national des beaux-arts du Québec et au Musee d’art de Joliette, comme commissaire de nombreuses expositions – notamment du Mois de la Photo à Montréal 2011 – et comme responsable des publications dans des centres d’artistes.

En quoi vos études d’histoire de l’art vous servent-elles dans votre métier actuel?

Mes études d’histoire de l’art ont été fondamentales à mon parcours professionnel. Plus jeune, j’ai d’abord fait coup sur coup deux maîtrises, l’une en Études des arts et l’autre en Muséologie. Sans le savoir, j’ai trouvé une combinaison parfaite avec cette double formation puisque j’avais toujours à la fois l’approfondissement disciplinaire et les connaissances institutionnelles qu’il fallait pour les postes que je convoitais. Dans mon poste actuel, je fais évidemment appel à mes connaissances en histoire de l’art pour aider les jeunes artistes à contextualiser leur pratique et les former aux travaux de recherche. Je dirais toutefois que c’est mon expérience d’analyse des œuvres d’art qui me sert le plus souvent au quotidien. Quand il s’agit, par exemple, de réagir à chaud à une œuvre en cours de production ou d’aiguiller un projet de maîtrise en création, c’est notre appareil perceptif fin qui travaille le plus fort pour essayer de tirer à la conscience ce qui cherche à émerger pour ensuite aider à le conceptualiser. Il faut donc s’être vigoureusement entraîné à regarder, à sentir, à nommer, à situer et à interpréter avec précision ses réactions aux œuvres les plus diverses. Cela, je l’ai pratiqué assidûment dans chacun des textes que j’ai écrit depuis le baccalauréat en histoire de l’art.

Qu’est-ce qui a été pour vous l’aspect le plus précieux de votre parcours doctoral ?

Le parcours lui-même! J’ai adoré cette longue et méthodique plongée dans une question qui me tenait à cœur, adoré sentir les mouvements de mon esprit en mode recherche, adoré les expériences très particulières d’écriture qui adviennent au bout des grands labeurs, et adoré même le moment de célébration des connaissances qu’est la soutenance. Mais cela ne veut pas dire que je n’étais pas par moment terrassée par le doute et la peur. Le sentiment de dépassement de soi – de loin l’aspect le plus précieux du doctorat pour moi – vient au contraire d’avoir su encore et encore les surmonter pour découvrir ma capacité. Après plusieurs années d’expérience de terrain dans les lieux de diffusion, je ressentais le besoin de revenir à l’université pour examiner mes positions artistiques et approfondir mes filiations philosophiques, et sur ce plan aussi j’ai été vraiment très satisfaite. Je suis ressortie du programme avec une profondeur de pensée, une rigueur méthodologique et un attirail de références que je n’aurais pas soupçonnés à l’entrée. Je me sens maintenant très bien outillée pour accompagner les étudiants qu’on place sous ma responsabilité. 

Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui s’apprête à entreprendre des études doctorales en histoire de l’art ?

Je lui dirais de s’équiper d’une question qui lui est vitale. Il faut avoir faim de réponses pour soi-même avant tout si l’on veut se rendre jusqu’au bout de cette très exigeante aventure. La motivation est cruciale. Je n’étais moi-même pas prête, à vingt-cinq ans, à entreprendre une recherche doctorale. J’ai attendu que des questions fassent leur chemin et deviennent pressantes avant de m’y engager. Ça s’est avéré une bonne décision pour moi.